03/10/2017

Le héron de Guernica d'Antoine Choplin

"La nécessité de l'art pour dire la fureur de la guerre et y survivre"

Biographie de l'auteur

Nationalité : française
Né(e) à : Châteauroux, Indre , 1962

Antoine Choplin est depuis 1996 l’organisateur du festival de l’Arpenteur, en Isère, événement consacré au spectacle vivant et à la littérature.

Il vit près de Grenoble, où il concilie son travail d’auteur, ses activités culturelles et sa passion pour la marche en montagne.

Il est également l’auteur de plusieurs livres parus aux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix des librairies Initiales), Léger fracas du monde (2005) et L’Impasse (2006).

Antoine Choplin a reçu le Prix France Télévisions en 2012 pour "La nuit tombée". Source: Babelio


Contexte de l'oeuvre

Epoque: 1937
Lieu: Paris et le petit village espagnol de Guernica
Thèmes: Guerre, Art, Peinture, Contemplation, Nature

Résumé

Le roman s'ouvre sur l'errance de Basilio dans les rues de Paris, nous sommes en 1937, le jeune homme, personnage principal du récit, a fait le déplacement pour découvrir la dernière toile de Picasso sur le massacre de Guernica, exposée dans le cadre de l'Exposition internationale des Arts et Techniques.
Le célèbre artiste s'est inspiré des journaux pour créer cette oeuvre magistrale, alors que Basilio, lui, était sur place et à assister à l'acharnement des bombes.

Par un ingénieux flashback, nous nous retrouvons dans la petite ville espagnole de Guernica, où nous suivons d'abord le quotidien du jeune Basilio, rencontrons son entourage, découvrons sa passion pour la peinture et son admiration pour le héron du pont de Renteria.
Basilio passe des heures dans les marais à essayer de capturer l'essence du héron à l'aide de ses pinceaux.
Puis, les avions arrivent et commencent à lâcher leurs bombes sur le berceau de Basilio, sa ville, ses amis.
L'horreur fait irruption dans le roman de manière assez spectaculaire, les scènes de guerre sont éprouvantes, rappelant, dans les descriptions qu'en fait l'auteur, le célèbre tableau de Picasso.
La peinture est le refuge de Basilio, qui, face à l'horreur, préférera contempler la beauté du héron, toujours stoïque, toujours digne.

Il rencontrera Picasso à Paris et pourra comparer sa vision des événements avec celle du célèbre peintre surréaliste à l'occasion de l'exposition de l'oeuvre "Guernica".

Personnages

Basilio: jeune homme tranquille, solitaire et passionné. Il est amoureux de Célestina qui travaille à l'usine de confiserie.

Le Père Eusebio: Figure presque paternel pour Basilio qui le soutient dans sa passion pour l'art. C'est un brave homme qui aime son prochain et sait faire preuve de courage pour dénoncer l'horreur.

Augusto: oncle de Basilio, infirme et au fort caractère

Maria: Infirmière qui héberge Basilio, elle est une sorte de grande soeur pour notre héros.

Mon avis: 3,5/5 😃

Le récit ne m'a pas passionné et j'y ai trouvé quelques longueurs mais j'ai tout de même été touchée par l'écriture poétique et imagée de l'auteur et par le message de l'oeuvre.
L'écriture est belle, concise, saccadée. Les dialogues avalés, sans ponctuation car ce ne sont que des souvenirs.

Basilio, garçon à part dont on ne connaît pas le passé, a un sens de l'esthétique très développé et est capable de s'émerveiller de peu de choses, c'est un personnage très touchant.
Les autres personnages ne sont pas très approfondis malheureusement mais tout de même attachants.

Plusieurs parallèles intéressants peuvent être faits dans ce récit, par exemple entre Basilio et ce héron qu'il peint et repeint sans cesse et dont il n'arrive jamais à capturer l'essence.
Ces deux là semblent en effet être le reflet l'un de l'autre; à la fois sauvages et calmes, ils s'observent mutuellement pendant de longues heures et à la fin du roman, se retrouvent tout deux blessés.

En écho au tableau de Picasso, ce récit est un témoignage de la guerre, un manifeste pour la paix et surtout une ode à l'art.


Le Héron de Guernica

💬

" Tu me fais marrer, grogne Rafael.
Pourquoi?
Et tu me demandes pourquoi. Alors celle-là.
Il force un éclat de rire.
T'as l'aviation allemande qui nous passe à ras la casquette et qui balance des bombes sur nos maisons et tu voudrais qu'on s'émerveille devant un héron qui s'envole."
...
"Un peu après, il y a le cheval à demi calciné de la croupe à l'encolure. Il est encore secoué de rares soubresauts. Il a cessé de tirer sur sa chaîne; il gît sur l'échine à l'entrée de l'étable, les fers en l'air. Sa langue sort comme un dard de la gueule restée grande ouverte."
...
"Il lui apparaît que la vérité de ce qu'ils sont en train de vivre, lui et ceux de Guernica dont le coeur n'a pas cessé de battre, ne peut s'accommoder de découpages. 
C'est un tout dont on ne peut rien extraire sans risquer la supercherie. Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui reste invisible, que ce qui pourrait apparaître, ou qui se tient en attente derrière les angles des murs; que ce qui va surgir, d'un instant à l'autre, du ventre des nuages."
...
"Avec cette proximité nouvelle, Basilio éprouve la modification de son regard. C'est comme si l'oeil du peintre avait perdu de son acuité et de sa rigueur. Il s'est brouillé sous l'effet de suggestions plus prégnantes, d'une autre nature, à peine perceptibles mais déjà étrangement enveloppantes, froissements d'intimité, petits chahuts moléculaires.
Il a franchi le seuil de la toile, Basilio. Le voilà dans le tableau à son tour."


Le livre dispo ici.


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