J'ai toujours aimé l'école, enfin non, en fait, j'ai toujours aimé apprendre. Elève studieuse, je faisais mes devoirs sans qu'on m'y force, j'avais de bonnes notes. Mais je n'aimais pas l'école. Car celle-ci était un environnement hostile où ma différence m'isola très jeune.
Je pense qu'on ne se rend pas bien compte à quel point l'expérience scolaire peut être traumatisante.
Tout a commencé pour moi au primaire, alors plus grande et plus ronde que mes camarades et surtout très timide, j'y étais déjà mise à l'écart, moquée et harcelée.
Ma mère se souviendra très bien d'un certain "Eddy" qui me persécuta durant deux années, proférant sans cesse des insultes à mon égard, se plaçant derrière moi en cours pour donner des coups de pieds dans ma chaise.
Ou encore d'un autre élève bien plus âgé qui me mis la main aux fesses en CM2 pendant le cours d'EPS.
Le collège a sûrement représenté l'apothéose d'un parcours d'apprentissage douloureux.
Je me suis retrouvée complètement isolée en première année après m'être disputée avec ma meilleure amie de l'époque.
J'étais impressionnée par cette toute nouvelle organisation que représente l'entrée dans l'enseignement secondaire, avec une dizaine de professeurs différents, des intercours, un emploi du temps changeant.
En plus de ce stress de la nouveauté, j'ai subi la solitude. Encore.
Je longeais les murs, me terrais à la bibliothèque à chaque récréation, manger le plus rapidement possible, toujours seule.
Les élèves étaient sans pitié, ils se moquaient de moi et de mon isolement, me toisaient.
J'ai du faire avec, j'ai compté les jours, j'ai séché les cours.
Comme j'aimais apprendre, mon absentéisme ne m'a pas trop porté préjudice. Ce qui n'est pas le cas pour tous les jeunes qui décident de déserter l'école.
Je suis sortie petit à petit de mon enfermement quand mon "amie" a daigné m'adresser à nouveau la parole.
Le lycée a été une période plutôt agréable, j'avais grandi et j'avais changé d'apparence. On ne m'embêtait plus, j'étais transparente et j'en étais très heureuse.
J'ai eu mon bac avec mention et suis entrée en fac d'économie gestion. Par défaut.
Je réussissais encore, j'avais de bons résultats mais le harcèlement me rattrapa et ce fût la goutte d'eau qui fit déborder le vase, je pris la décision d'arrêter mes études.
Attention, ce n'en est pas la raison principale, celle-ci étant plutôt mon désintérêt pour les chiffres et la finance et mon absence de projet professionnel.
Mais j'ai été très déçue par l'université. Depuis mon plus jeune âge, je fantasmais sur les bancs de la fac, je m'imaginais suivre des cours passionnants donnés par des professeurs exaltés, dans des amphis immenses et avoir enfin des camarades matures et intéressants hummm.
Au lieu de cela, je me suis retrouvée entourée de profs totalement démotivés/éreintés/désagréables et d'élèves de lycée.
Les médisances étaient encore monnaie courante, j'en ai à nouveau fait les frais, je suis partie.
Aujourd'hui, je suis moins timide et j'ai gagné en assurance même si je doute encore très souvent de moi et mes capacités.
Je n'ai heureusement pas fait que de mauvaises rencontres, j'ai rencontré mes meilleures amies sur les bancs de l'école.
Et toute cette souffrance, ce rejet, ne m'a pas juste traumatisé, il m'a aussi fait grandir.
J'en garde tout de même quelques séquelles, je suis très méfiante à l'égard des personnes que je ne connais pas, introvertie et paranoïaque puisque je suis très souvent persuadée qu'on ne m'apprécie pas voire qu'on se moque de moi.
J'ai le sentiment qu'en ayant eu l'apparence d'une jeune fille fragile, je suis devenue le bouc émissaire de jeunes qui ont cherché à s'affirmer en m'écrasant.
Je ne garde donc pas de bons souvenirs de l'école ou sinon si peu.
L'achat des nouvelles fournitures scolaires à la rentrée, mon élevage d'escargots en primaire, les fou rires en classes, les bonnes notes, les professeurs qui m'ont soutenu (car il y en a eu), certaines rencontres amicales.
Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu même si j'ai totalement conscience que certains jeunes connaissent encore bien pire.
Je souhaitais juste partager mon expérience et échanger avec vous sur le sujet.
Le problème du harcèlement scolaire est aujourd'hui beaucoup plus médiatisé et j'en suis ravie car il est primordial d'en parler pour prendre conscience de l'importance du phénomène et de ces conséquences parfois dramatiques.
Je me permets de clôturer cet article par quelques conseils:
- Aux jeunes: Parler et demander de l'aide à un adulte si vous subissez toute sorte de violence (verbale comme physique). Ne restez pas dans l'isolement.
- Aux parents: Soyez attentifs au comportement de vos enfants, soutenez-les, n'hésitez pas à les changer d'établissement si besoin.
- Aux encadrants/professeurs: Ne laissez plus le harcèlement se dérouler sous vos yeux, agissez. Il faut plus de dialogue, plus d'échange.
Bon promis, le prochain article sera plus positif!
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Appréhendez-vous cette rentrée? Avez-vous fait la triste expérience du harcèlement scolaire?
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