Je suis enchantée de pouvoir à nouveau vous présenter trois livres de la rentrée littéraire 2018.
Parmi mes dernières lectures: un auteur islandais célèbre, un essai sur la Méditerranée et une dystopie féministe fascinante.
Il y en a, comme souvent, pour tous les goûts, j'espère que mes retours vous donneront l'envie de découvrir ces oeuvres passionnantes qui sont toutes, particulièrement, d'actualité.
Ásta de Jón Kalman Stefánsson
Publié le 29 août 2018 chez Grasset, traduit par Eric Boury, 496 pages
Résumé
Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi, bientôt la trentaine, tombe fou amoureux d’Helga. Le couple va avoir deux filles en deux ans, Sesselja, puis Ásta. Un avenir radieux leur semble promis.
Vingt ans plus tard, Ásta vit à Vienne, en Autriche. Elle fait des études de théâtre, en traînant un mal-être qui la ronge. Quand elle apprend le décès de sa sœur, elle se sent coupable de n’avoir pas répondu à ses lettres et comprend qu’elle est plus seule que jamais.
À Stavanger en Norvège, encore bien des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle. Ainsi, c’est cloué au sol, incapable de se relever, qu’il se remémore sa vie…
Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’histoire de Sigvaldi et d’Helga, puis surtout celle d’Ásta, qui tente de se construire à l’ombre d’un amour passionnel et destructeur. Car peu de temps après sa naissance, sa mère Helga est rattrapée par ses démons et l’alcool, et son père Sigvaldi se révèle incapable de faire face. Ásta est alors placée chez une nourrice, Steinvör, qui l’élève avec beaucoup d’amour. À l’adolescence pourtant, quand un garçon de sa classe tente de la séduire, Ásta devient ingérable, et Steinvör se voit contrainte de l’envoyer à la campagne pendant tout un été, dans les fjords de l’Ouest. Dans cette ferme isolée du bout du monde, Ásta change, mûrit, et fait la connaissance de l’énigmatique Josef, un garçon de son âge qui la fascine et l’attire. Mais quand elle rentre à Reykjavik, sa vie s’effondre : son père lui apprend que Steinvör est décédée, et qu’elle doit s’installer avec lui et sa deuxième épouse… La cohabitation tourne vite au cauchemar, et Ásta part dans le nord de l’île où elle retrouve Josef. Rien n’est simple entre eux – la peur de sentiments trop puissants domine la jeune femme.
Ásta est un grand roman d’amour, lyrique, charnel, sur l’urgence et l’impossibilité d’aimer, sur des sentiments plus grands que nous et des vies qui tâtonnent. Les protagonistes de Stefánsson incarnent de la plus belle manière qui soit notre quête de la passion et du bonheur – deux idées de la vie qui ne sont pas toujours conciliables. Helga et Sigvaldi, puis Ásta et Josef (et bien d’autres personnages du roman encore) sont tantôt transportés tantôt anéantis, mais leurs existences – merveilleusement entremêlées dans un texte parfaitement maîtrisé – témoignent aussi de nos petites et grandes lâchetés, de ces relations qui s’enlisent sans raison particulière, et de notre incapacité à nous dépasser.
Vingt ans plus tard, Ásta vit à Vienne, en Autriche. Elle fait des études de théâtre, en traînant un mal-être qui la ronge. Quand elle apprend le décès de sa sœur, elle se sent coupable de n’avoir pas répondu à ses lettres et comprend qu’elle est plus seule que jamais.
À Stavanger en Norvège, encore bien des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle. Ainsi, c’est cloué au sol, incapable de se relever, qu’il se remémore sa vie…
Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’histoire de Sigvaldi et d’Helga, puis surtout celle d’Ásta, qui tente de se construire à l’ombre d’un amour passionnel et destructeur. Car peu de temps après sa naissance, sa mère Helga est rattrapée par ses démons et l’alcool, et son père Sigvaldi se révèle incapable de faire face. Ásta est alors placée chez une nourrice, Steinvör, qui l’élève avec beaucoup d’amour. À l’adolescence pourtant, quand un garçon de sa classe tente de la séduire, Ásta devient ingérable, et Steinvör se voit contrainte de l’envoyer à la campagne pendant tout un été, dans les fjords de l’Ouest. Dans cette ferme isolée du bout du monde, Ásta change, mûrit, et fait la connaissance de l’énigmatique Josef, un garçon de son âge qui la fascine et l’attire. Mais quand elle rentre à Reykjavik, sa vie s’effondre : son père lui apprend que Steinvör est décédée, et qu’elle doit s’installer avec lui et sa deuxième épouse… La cohabitation tourne vite au cauchemar, et Ásta part dans le nord de l’île où elle retrouve Josef. Rien n’est simple entre eux – la peur de sentiments trop puissants domine la jeune femme.
Ásta est un grand roman d’amour, lyrique, charnel, sur l’urgence et l’impossibilité d’aimer, sur des sentiments plus grands que nous et des vies qui tâtonnent. Les protagonistes de Stefánsson incarnent de la plus belle manière qui soit notre quête de la passion et du bonheur – deux idées de la vie qui ne sont pas toujours conciliables. Helga et Sigvaldi, puis Ásta et Josef (et bien d’autres personnages du roman encore) sont tantôt transportés tantôt anéantis, mais leurs existences – merveilleusement entremêlées dans un texte parfaitement maîtrisé – témoignent aussi de nos petites et grandes lâchetés, de ces relations qui s’enlisent sans raison particulière, et de notre incapacité à nous dépasser.
Mon avis
J'avoue avoir eu une forte appréhension après la lecture des premières lignes d'Ásta.
Le style de l'auteur me paraissait alors cru et l'intrigue compliquée.
Je me suis toutefois laissé portée et j'ai été finalement conquise par la beauté brute et la sensualité de l'écriture de Jón Kalman Stefánsson.
La particularité de ce roman tient en sa construction narrative complexe mais bien ficelée.
C'est en effet à travers les récits de divers personnages mêlant passé et présent que nous découvrons l'histoire tragique de cette famille islandaise.
L'intrigue se présente au lecteur sans précipitation, lui demandant confiance et patience.
L'auteur donne la voix à deux générations, permettant de comprendre les conflits, les rancoeurs, qui ont gangrené cette famille. Un vrai roman de vie.
L'Islande, pays des fjords sauvages, est la merveilleuse toile de fond de cette fresque familiale touchante de réalisme et de violence.
La violence des sentiments, l'auteur sait la décrire, il nous l'expose toujours avec sagesse, parfois avec humour ou sarcasme.
Les relations humaines sont complexes, les individus uniques, les destins aussi, mais l'amour est universel. Amour filial, amitié ou passion amoureuse, ce sentiment humain qui peut élever comme anéantir est le sujet central du roman.
Une lecture envoûtante qui offre aux lecteurs de belles réflexions sur la vie, l'amour, la famille.
Le style de l'auteur me paraissait alors cru et l'intrigue compliquée.
Je me suis toutefois laissé portée et j'ai été finalement conquise par la beauté brute et la sensualité de l'écriture de Jón Kalman Stefánsson.
La particularité de ce roman tient en sa construction narrative complexe mais bien ficelée.
C'est en effet à travers les récits de divers personnages mêlant passé et présent que nous découvrons l'histoire tragique de cette famille islandaise.
L'intrigue se présente au lecteur sans précipitation, lui demandant confiance et patience.
L'auteur donne la voix à deux générations, permettant de comprendre les conflits, les rancoeurs, qui ont gangrené cette famille. Un vrai roman de vie.
L'Islande, pays des fjords sauvages, est la merveilleuse toile de fond de cette fresque familiale touchante de réalisme et de violence.
La violence des sentiments, l'auteur sait la décrire, il nous l'expose toujours avec sagesse, parfois avec humour ou sarcasme.
Les relations humaines sont complexes, les individus uniques, les destins aussi, mais l'amour est universel. Amour filial, amitié ou passion amoureuse, ce sentiment humain qui peut élever comme anéantir est le sujet central du roman.
Une lecture envoûtante qui offre aux lecteurs de belles réflexions sur la vie, l'amour, la famille.
Ma note 4/5
En dérivant avec Ulysse de Jean-Paul Mari
Publié le 19 septembre 2018 chez JC Lattès, 288 pages
Si Ulysse revenait aujourd’hui en Méditerranée, que trouverait-il ?
Une Mare Nostrum, une mer commune à tous ses habitants ou un espace coupé en deux, éclaté, balkanisé. Divisé au gré des rivalités, des cultures et des religions, entre les « civilisés » et les « barbares ». Serait-il plus étonné par les progrès réalisés ou horrifié par ses plaies ? Les hommes auraient-ils réussi à avoir enfin le même Dieu autour de la même mer ? La Méditerranée aurait-elle réussi à rester le centre de la culture, la lumière du monde, un joyau de l’humanité ou, frappée par une décadence effrayante, s’était-elle transformée un cul de basse-fosse de l’intelligence ? Ulysse pourrait-il nous dire qui nous sommes ? Me dirait-il aussi, comme Tirésias, qui je suis ?
Être méditerranéen, est-ce avoir une identité ou n’être plus que le « Personne » de Polyphème, quelqu’un aux origines diluées dans un monde mondialisé. Moi qui suis né sur ces côtes, amoureux et souffrant au bord de la mer, sidéré par les guerres mais hypnotisé par la lumière d’après incendie, qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Perdus ou sauvés ?
Il n’y a qu’un seul moyen d’obtenir une réponse à toutes ces questions.
Refaire, pas à pas, ce grand voyage avec lui. En dérivant avec Ulysse.
Mon avis
Cela faisait des années que je n'avais plus lu d'essai et je suis ravie d'avoir remis le pied à l'étrier avec cette lecture passionnante.
L'auteur, Jean-Paul Mari, né à Alger en 1950, kinésithérapeute, animateur radio et enfin grand reporter, a des milliers d'histoires et d'anecdotes à partager.
Dans cet ouvrage, le reporter a pour ambition de suivre les traces d'Ulysse en Méditerranée pour décrire ses fléaux actuels en les comparant à la mythologie de l'Odyssée. Un beau projet, très réussi.
Mélangeant histoire antique et faits récents, mythes et réalité, Jean-Paul Mari compare et pousse les lecteurs à la réflexion.
Y a t-il une identité méditerranéenne? Si cette identité existe, a t-elle évolué depuis l'Antiquité? Quels sont les points communs de ces habitants? L'exil? La violence? La nostalgie? L'histoire?
Avec une plume très agréable, imagée et sensible, l'auteur convie ses lecteurs à un voyage unique, hors normes, culturellement et humainement enrichissant. Il éveille les esprits et donne l'envie d'aller plus loin, de relire Homère, de chercher des réponses ailleurs.
En empruntant les chemins du passé, pavés d'anecdotes historiques captivantes, et à travers les yeux du reporter, le lecteur s'ouvre aux souffrances du présent, celle du migrant qui se noie, de la planète qui étouffe et des peuples condamnés par la cupidité humaine.
Un essai riche et original, une très bonne découverte.
Ma note 3,5/5
Les Heures rouges de Leni Zumas
Publié le 16 août 2018 chez Presses de la Cité, traduit par Anne Rabinovitch, 408 pages
Résumé
États-Unis, demain. Avortement interdit, adoption et PMA pour les femmes seules sur le point de l’être aussi. Non loin de Salem, Oregon, dans un petit village de pêcheurs, cinq femmes voient leur destin se lier à l’aube de cette nouvelle ère.
Ro, professeure célibataire de quarante-deux ans, tente de concevoir un enfant et d’écrire la biographie d’Eivør, exploratrice islandaise du XIXème.
Des enfants, Susan en a, mais elle est lasse de sa vie de mère au foyer – de son renoncement à une carrière d’avocate, des jours qui passent et se ressemblent.
Mattie, la meilleure élève de Ro, n’a pas peur de l’avenir : elle sera scientifique. Par curiosité, elle se laisse déshabiller à l’arrière d’une voiture…
Et Gin. Gin la guérisseuse, Gin au passé meurtri, Gin la marginale à laquelle les hommes font un procès en sorcellerie parce qu’elle a voulu aider les femmes.
Mon avis
J'avais entendu beaucoup de bien de ce livre et j'ai été ravie de pouvoir le découvrir.
L'histoire de ces quatre femmes m'a passionné, l'alternance de chapitres assez courts mettant en avant une protagoniste à la fois, fait du roman un vrai page turner. Je l'ai lu en deux jours malgré ces 400 pages.
Avec des personnages féminins creusés et passionnants, auxquels on finit par s'attacher, un style d'écriture à la fois cru et poétique, sensible, l'auteure dénonce.
Elle dénonce les violences, les droits bafoués, le machisme.
A travers le destin très différent de quatre femmes ordinaires, l'autrice, engagée, dresse le portrait d'une société qui régresse, viole les libertés si durement acquises des femmes.
Dieu seul sait à quel point le droit à l'avortement, pour ne citer que lui, est en danger dans beaucoup de pays. Le récit des épreuves traversées par ces femmes est donc d'autant plus angoissant qu'il résonne avec l'actualité.
Cette dystopie féministe effrayante car très réaliste, est un avertissement salvateur.
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