17/06/2017

La crise de la vingtaine

Crise de la vingtaine


Le 8 juin dernier, j'ai fêté mes 24 années d'existence, l'occasion toute trouvée de dresser un petit bilan de ce presque quart de siècle et de tirer le portrait de ma génération.
Plusieurs articles traitant du sujet depuis quelques années et le constatant moi-même dans mon entourage, je peux affirmer qu'il existe bien une crise de la vingtaine.
A la croisée de l'adolescence et de l'âge adulte, confrontés à de nombreuses difficultés, personnelles et professionnelles, nous devons nous forger une identité, rentrer dans un moule, la problématique est de savoir lequel.

Orientation & Etudes

Alors que pendant l'adolescence, nous admirons les vingtenaires pour leur apparente liberté, passer le cap de la maturité, tout se complique et s'assombrit.
L'orientation professionnelle est une des premières difficultés rencontrée par les jeunes.
La société nous impose un chemin de carrière droit comme un i où il n'y a pas de place pour les indécis. Malheureusement, le système éducatif ne permet pas aux jeunes d'explorer toutes les possibilités qui s'offrent à eux et de savoir quelle voie suivre. Mettre la pression sur les jeunes pour qu'ils arrêtent un choix de carrière sans se connaître véritablement conduit à de multiples réorientations très souvent mal vues par de futurs employeurs potentiels.
Personne ne se connaît suffisamment à 20 ans pour savoir quel métier sera le sien pour le reste de sa vie.

Si l'on prend mon exemple, après un bac économique et social, j'ai été orientée vers la fac d'économie et de gestion, j'y suis allée par défaut car cela me paraissait être le choix le plus logique. Alors que j'avais de très bons résultats, ces études ne m'intéressaient pas, tout y était trop abstrait.
J'ai tenté une autre licence un peu plus littéraire, pensant que cela me correspondrait davantage mais, à nouveau, de l'abstrait, des cours ennuyeux, je me suis vite lassée.
C'est à ce moment là que j'ai rencontré mon copain, cuisinier à l'époque. A peine plus âgé que moi, lui était dans le concret, il m'en a donné l'envie. Comme j'aimais faire des pâtisseries, j'ai décidé de passer un CAP pâtissier et je l'ai obtenu en étant candidate libre. J'étais alors fière de prouver à mes parents que je n'étais pas qu'une intellectuelle, que j'étais capable d'autre chose.
Finalement, après plusieurs expériences malheureuses en restauration et des problèmes de santé, j'ai du abandonner l'idée de travailler en pâtisserie.
J'ai lancé mon blog il y a bientôt deux ans, j'ai appris seule à le gérer, à créer des campagnes publicitaires, je gagne un peu d'argent en "autoentrepreneur".
Aujourd'hui, je travaille à la Préfecture en tant qu'agent d'accueil dans le cadre d'un service civique et je dois passer un concours pour devenir rédacteur en octobre.
Voici un bel exemple d'errance professionnelle.
Personnellement, je trouve la perspective d'occuper la même activité toute sa vie oppressante et déprimante. Cette façon de concevoir la vie professionnelle me paraît dépassée mais une chose peut motiver ce choix: l'envie d'indépendance.

Premier emploi, l'indépendance financière

Nous apprenons assez rapidement qu'il n'y a pas de liberté sans argent. Dans le contexte économique actuel, trouver un premier emploi est souvent compliqué sans piston, d'autant plus avec un parcours professionnel atypique. Les aides pour les jeunes sont totalement insuffisantes, le RSA jeune n'étant versé qu'aux jeunes ayant déjà travaillé deux ans, ce qui ne règle aucunement le problème du premier emploi si difficile à obtenir quand on n'a pas encore d'expérience professionnelle.
Le manque d'emplois et la compétition sur le marché du travail qui en résulte ne font qu'augmenter l'instabilité et l'angoisse des jeunes.
Beaucoup de vingtenaires dépendent encore financièrement de leurs parents, ce qui est un gros frein à l'indépendance et crée parfois des conflits entre générations.

Conflit générationnel


Il y a souvent une incompréhension entre les générations, nos aînés attendant trop souvent de nous que nous trouvions une stabilité rapidement alors que cela s'avère quasi impossible de nos jours. Le marché du travail, l'économie du pays et la société ont changé et les générations précédentes, bien installées professionnellement, ne comprennent pas toujours ces évolutions. Elles ont ainsi tendance à mettre en cause le manque de motivation de la jeunesse.
C'est sûr qu'il y a deux décennies, tout était plus simple, du moins sur le marché du travail, je pense par exemple à ma mère qui a été recrutée sans avoir le bac à France Télécom où elle a fait toute sa carrière.
Il ne faut pas s'étonner qu'essuyant échecs sur échecs les jeunes n'aient plus le même entrain.
La vingtaine c'est l'âge de la désillusion, alors qu'on se pensait tous puissants et capables de tout, nous nous retrouvons souvent à quémander un peu d'argent de poche à nos parents.
Mais nous n'avons pas le droit de nous plaindre, nous sommes jeunes, nous avons la vie devant nous et pas de problèmes majeurs...
D'ailleurs, en plus d'attendre impatiemment que nous décrochions un CDI, notre entourage commence à nous mettre la pression pour que nous répondions à tous les clichés de la vie parfaite.

Diktats sociaux-culturels

La société essaie de nous plier à ses normes et contraintes, et ce, à tout âge.
Cependant, depuis que je me rapproche dangereusement du quart de siècle, je ressens d'autant plus cette pression, je pense notamment à cause de mon sexe car nous vivons encore dans une société patriarcale où le rôle "normal' d'une femme est d'enfanter.
Quand je parle autour de moi de mon non-désir de grossesse, personne ne l'accepte, tout le monde me garantit que je changerai d'avis. Et j'ai le droit à toute sorte de réflexions sur le fait que je serai enceinte un jour.
Mes amies célibataires commencent à angoisser à l'idée de finir toutes seules et cherchent à tout prix à rencontrer l'homme idéal (ce qui, entre nous, n'est pas très concluant) et mes amies en couple parlent achat immobilier et bébé.
Je sens que ce n'est que le début et que plus je me rapprocherai de la trentaine plus cette pression se fera forte.
Et si je n'avais pas envie de fonder une famille? Et si je ne voulais qu'être libre? Voyager sans limite?
Je serai certainement jugée, on me trouvera égoïste, on me collera l'étiquette de stérile ou lesbienne, c'est beau d'être une femme.
Toutes ces pressions sèment une vraie pagaille à l'intérieur de nous, jeunes vingtenaires, entre l'envie de faire fi de toutes normes sociales oppressantes et l'envie de rentrer dans le moule pour avoir l'impression de réussir.

Conflit intérieur, liberté ou maturité

La plus grande difficulté selon moi à cette période de la vie c'est de dire adieu à ses rêves.
Alors que nous aimerions rester libres et inconséquents, la vie nous apprend qu'il n'y a que très peu de place pour la légèreté dans ce monde.
Pour être indépendant et donc libre, nous devons sacrifier une partie de nos rêves et de notre liberté.
C'est dans la douleur que nous abandonnons l'enfant que nous sommes pour devenir peu à peu l'adulte que nous sommes obligés de devenir.
S'oppose à la soif de liberté et d'aventure, l'envie de stabilité et de sécurité.
Entre nous, même si je me rends compte d'une certaine évolution dans ma façon de penser, je ne suis pas encore prête à devenir adulte et ennuyeuse :-)

***
Connaissez-vous la crise de la vingtaine? 






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2 commentaires

  1. Un article plein de bon sens dans lequel je me retrouve totalement ! Je passe le CAP Pâtisserie très bientôt en candidat libre également. J'espère que tu auras l'occasion de développer ton expérience sur le sujet : tes entraînements, tes premières expériences pro... En tout cas bonne chance pour ton concours en octobre ;-)

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    1. Salut! Merci beaucoup de ton commentaire et désolée d'avoir tant tardé à le publier, je ne savais pas comment faire sur Blogger!
      Bonne chance pour ton CAP pâtissier, je ne manquerai pas de développer le sujet oui, avec plaisir!
      Merci beaucoup de tes encouragements!
      Bisous

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